top of page
Nyx.png

PRISE - Cruelle - Sadique - Séductrice - Coeur brisé - Semble incapable d'aimer - Célibataire - Lesbienne 

« Rien de plus solide, de plus insensible, de plus égoïste, de plus coriace et de plus perfide qu'un coeur sénile. »

​

​

Beaucoup diront que tout à commencé il y’a quelques mois, lorsque des centaines, des milliers d’étoiles filantes ont percés le ciel aux quatre coins du monde, filant à une vitesse vertigineuse sur la Terre, se perdant dans les méandres de la nuit obscur. Mais la vérité est tout autre. La vérité est bien plus sombre, bien plus funeste. La vérité, beaucoup refuseraient de la connaître, tandis que d’autres, s’ils avaient pu, l’aurait éradiqué à sa source.

 

Tout commença il y a vingt-huit ans. Durant une magnifique nuit étoilée qui avait subitement fait place à des nuages. Des nuages sombres, aussi noirs et épais que les abysses des ténèbres. La température avait chuté sans crier gare et l’air c’était chargée en humidité. Puis le vent, violent, s’était levé. Un vent qui balayait les poubelles, qui pliait dangereusement les arbres. Puis vinrent les premières gouttes éparses qui rapidement s’était transformées en une pluie diluvienne, qui s’abattaient aiguisée et glacée sur le béton abimé des ruelles de Novgorod. Les éclairs zébraient le ciel, descendant vers la terre, tour à tour, synchronisé. Ils semblaient lécher le sommet des sombres toits de la ville, semblant chercher quelque chose ou quelqu’un. Le tonnerre grondait, sauvagement, provoquant un vacarme infernal, insoutenable. C’est là que le premier cri, suivit d’un deuxième et d’un troisième avait percé l’air. Des cris stridents. Des cris emplis d’une douleur sans nom. Les bourrasques de vents, sifflantes, s’insinuaient vicieusement dans les ruelles, frappant contre les murs et les portes à la manière d’un esprit malin. Allongée sur le sol de son salon, les jambes écartées et baignant dans son sang, la mage Blanche, Aleksandra tentait vainement de donner naissance à ses enfants sous la violence de la tempête qui s’agitait à l’extérieur, menaçant de faire s’effondrer les bâtiments. Cristoff son compagnon et époux, à genoux à ses côtés, serrant sa main dans les siennes, la suppliait de se lever, ignorant le message des Dieux en colère qui explosait à l’extérieur, ignorant leurs mises en garde, ignorant leur immense colère et la peur qui tremblait au travers des flashs de lumières.

​

« Il faut aller à l’hôpital mon amour » avait soufflé l’homme.
« On a plus le temps… et l’orage… Mauvais présage… »

​

Ce fût sur ces dernières paroles et dans un dernier cri de douleur que deux bébés naquirent enfin. Une fille, puis un garçon aux cheveux noir de jais. Deux bambins qui ne poussèrent aucun cri, aucun pleur. Leurs grands yeux bleutés irrémédiablement fixés sur le plafond d’un blanc laiteux. Deux enfants qui furent désirés mais qui pourtant, dans la culture des Mages venaient de naître lors d’un violent orage au vent glacial. Un mauvais présage. Un avertissement lancé par les Divinités que les Mages Blancs vénéraient et servaient depuis de nombreuses décennies. Pourtant, les deux jeunes parents, essoufflés et vaincus par cette nuit d’incertitudes, finirent par décider d’oublier ce sinistre présage, pensant que le destin pouvait être changé.

​

« Ce n'est qu'une coïncidence l'orage, regarde comme ils sont beaux, comme ils sont calmes. Regarde ce qu'on a fait. » Murmura le nouveau père dans quelques paroles réconfortante, alors que l’orage s’éteignait, disparaissant comme si n’avait jamais été présent. Or, sans qu’il ne le sache, ce fût une grave erreur. Car les Dieux ne se trompent jamais…

​

Et les six premières années se passèrent sans le moindre souci à l’horizon. Six années de bonheur, de calme et d’amour dégoulinant presque de niaiseries. Six années qui avaient fait oublier aux parents la façon dont leurs enfants étaient venus au monde. Leur faisant oublier que les jumeaux étaient nés durant une tempête comme la ville de Russie n’avait plus connu depuis des siècles. Ils étaient calmes. Ils étaient charmants et serviables. Ils parlaient peu et se déplaçaient rarement l’un sans l’autre. Aucune bêtise, aucun cri, aucune colère. Ils étaient même en avance sur leurs âges. Ils savaient lire et écrire avant même d’entrer à l’école élémentaire. Les enfants parfaits. Les enfants rêvés. Mais le bonheur ne dure jamais et le destin, ne peut être changé…

 

Ce fut avec Nyx que tout commença. Alors que la petite brunette se faisait chahuter dans le jardin du Manoir familial par sa cousine, de deux ans son aînée, qui ne cessait de répéter dans des éclats de rire « T’es petite et t’es bizarre. Oh ! la bizarre » en la poussant dans l’herbe. Une fois, deux fois. Et la troisième fois, Nyx tenta de se rattraper. Elle posa une main sur celle de sa cousine, dans une vaine tentative de se retenir pour ne pas chuter une troisième fois dans la boue. Et sous ses yeux, tandis qu’Anastasia couinait comme un petit chien qui s’était coincé la queue dans une porte, son visage pâlit, devenant aussi blanc que de la neige. Puis des veines noires apparurent, glissant de son visage à son bras, puis de son bras à la main de Nyx. Des veines palpitantes et serpentant comme des centaines de serpents le long de son frêle corps. Et sans un cri, l’autre enfant tomba au sol, inerte, presque morte, les lèvres violacées et les yeux vitreux. Ce fut le choc pour Aleksandra et Cristoff qui commencèrent à comprendre que quelque chose clochait chez leurs enfants. Auraient-ils dû écouter le message des Dieux ? Non, ce n’était qu’un accident. Un simple accident. Comme il pouvait en arriver parfois.

 

S’ensuivirent rapidement d'autres comportements, de plus en plus bizarres. Les jumeaux se renfermèrent encore plus sur eux-mêmes, ne communiquant qu’entre eux, dans une langue qu’eux seuls semblaient connaître et comprendre. Une langue éteinte. Une langue interdite. Puis Lux commença à agir bizarrement à son tour, se faisant du mal à lui-même. Se blessant, se saignant, sans jamais se tordre de douleur, sans jamais grimacer. La douleur, il ne semblait pas la connaître. Il ne semblait pas la ressentir. Il s’ouvrait les veines, s’arracher les ongles un à un comme on pouvait tout simplement arracher les pétales d’une fleur. Mais rien, toujours rien. Pas une seule once de douleur. Lui, n’avait jamais mal et la douleur, il voulait la connaître, la ressentir, la comprendre. Alors pour tenter de la connaître, il commença à sacrifier et torturer des animaux. Puis à huit ans, il passa directement aux enfants de son âge tandis que sa sœur, dans le secret le plus total, continuait d’exercer le don qu’elle avait découvert : Celui de voler l’énergie vitale des autres. Les fleurs se fanaient à son toucher, les animaux tombaient morts à ses pieds, les enfants tombaient dans un lourd coma. Leurs parents tentaient de réparer leurs erreurs, d’effacer les souvenirs de leurs victimes. Ils tentaient de leur faire comprendre que c’était mal, que tout ça, il ne fallait pas le faire. Mais la goutte d’eau qui fit déborder le vase finit par arriver. Les deux jumeaux avaient été invité à un goûter d’anniversaire auquel ils avaient été forcés de se rendre. La mère horrifiée avait appelé la famille Barlow pour leur demander de venir chercher leur enfant, qu'ils étaient maudits et qu'elle ne voulait plus avoir affaire à eux, ni à leurs enfants. S’en fût trop pour le couple qui décida de les abandonner dans un Orphelinat catholique.

 

Les premières années furent à nouveau calmes. Ils eurent rapidement quatorze ans. Puis tout bascula à nouveau. Les deux jumeaux, considérés comme les vilains petits canards de l’Orphelinat furent bousculés, chahutés, moqués et harcelés par leurs camarades. Parce qu’ils étaient bizarres, parce qu’ils parlaient d’une langue étrangère, parce qu’ils ne parlaient à personne d’autre et resté prostré entre eux. Nyx fût frappée puis violée par des garçons de son âge, laissée en sang dans les toilettes communes alors que sa dernière étincelle d’innocence s’envolait. Elle n’en parla à personne, pas même à son frère, laissant la noirceur envahir son âme. Laissant l’obscurité prendre possession d’elle, s’insinuait dans son corps, dans ses veines, vicieusement, insidieusement et ce, jusqu’au jour où semblant descendre du ciel, une jeune fille de leur âge fit son apparition. Elle était belle. Un visage d’ange aux prunelles d’un bleu limpide et à la chevelure blonde. Anthéa. Elle était à la fois douce et dure. Sans rien demander elle défendit les jumeaux et se lia rapidement avec eux. Lux devint son ami tandis que Nyx vit en elle, durant un faible instant, une sorte de rédemption, une sorte de porte de sortie, une sorte de pardon que les dieux lui avaient enfin accordé. Elles s’aimèrent et la jeune adolescente parvint à lui faire oublier son corps salit, lui apprit à s’aimer à nouveau. Et pour la première fois Lux sembla heureux de voir sa sœur ainsi. Ils crurent un instant que le bonheur pouvait leur être accessible. Mais le destin… Encore et toujours ce foutue destin à la sombre destinée, était déjà tracé pour eux et le bonheur n’en faisait pas partie. L’amour n’avait pas sa place, qu’importe la forme qu’il prenait. Seul leur amour respectif l’un envers l’autre leur semblait autorisé.

 

Un deuxième viol pour lui apprendre cette fois-ci, qu’ici l’amour entre femmes ne pouvait pas exister. Qu’il était contre nature. Que c’était une abomination. Ils voulaient lui apprendre ce qu’étaient des hommes. Mais cette fois-ci, Nyx perdit toute humanité. La douleur, parce qu’elle, elle pouvait la ressentir, enveloppa ses entrailles. Puis la colère. Une colère sourde. Une colère violente. Elle cria, hurla. Ses agresseurs hurlèrent à leur tour, leurs corps prenant une couleur d’un rouge sombre. En eux, le sang tourbillonnait, bouillonnait de plus en plus, chauffant chaque globule, chaque parcelle de peau qui les recouvraient, puis ils explosèrent. Littéralement. Des lambeaux de chairs se figèrent sur les murs, le sang éclaboussa la totalité de la pièce aux couleurs blanches. Une flaque s’étala à ses pieds, des trainées d’un rouge sombre dégoulinèrent de son visage et de ses mains. Sur le coup, elle ne sût ce qui c’était passé, mais elle savait, tout au fond d’elle qu’elle en était l’instigatrice. Ce fût ce moment que sa petite amie choisit pour entrer en courant dans les toilettes. Un instant, elle se figea, son regard parcourant l’étendu ensanglantée qui s’offrait à elle. Puis son regard brillant se posa sur la jeune mage.

 

« Tu es un monstre. »

 

Furent les seuls mots qu’elle prononça avant de s’échapper, laissant sa petite copine, complètement nue, au milieu du carnage qu’elle avait engendré. Le cœur de Nyx se brisa et instantanément les ténèbres finirent de prendre totalement possession de son âme. Son cœur sembla mourir ce jour-là. Et son nom trouva enfin sa véritable signification. Elle était Nyx. Elle portait le nom d’une des pires Déesses de l’Olympe. Celle que beaucoup craignaient, celle que beaucoup refusaient de vénérer. Elle portait le nom de la déesse de la nuit la plus profonde, de la déesse du Chaos. Mère des morts violentes, de la vengeance et de la discord. Mère de la ruse, de la tromperie et du sarcasme. La haine et la colère explosèrent en elle et elle décida, avec son frère de quitter l’Orphelinat. Ils n’avaient que seize ans, mais découvrant petit à petit leurs dons, ils savaient que rien ne pouvait les arrêter et qu’ils s’en sortiraient. Ensembles, toujours ensembles. Ensembles pour toujours et à jamais.

 

Durant deux nouvelles années ils apprirent à contrôler leur magie, allant jusqu’au bout de leurs capacités tout en cherchant minutieusement une trace de leurs parents dans le but ultime de se venger, de leur faire payer. Découvrant les dons de l'un et de l'autre, ils apprirent ensemble à les exploiter, les travailler, les perfectionner, les pousser toujours plus loin, dépasser toujours plus leur limite. Ils ne travaillaient pas, utilisant le don de manipulation de son frère pour obtenir tous ce qu’ils voulaient, tous ce qu’ils désiraient : argent, logement, vêtements. Rien ni personne n’était capable de leur refusé quoi que ce soit. Et enfin, Ils finirent par retrouver leurs géniteurs, ceux-là même qui après les avoir aimés les avaient abandonnés sans scrupules. Et Nyx vit rouge lorsqu’en leur compagnie, elle trouva deux petites filles. Deux fillettes qui leur ressemblaient étrangement. Ils les avaient remplacés, sans aucun remords. Alors, dirigé par une colère sans nom, les jumeaux les torturèrent puis les tuèrent sans aucunes pitiés. Lux leur fit voir toutes sortes d’atrocités, pénétrant au plus profond de leurs esprits, tandis que Nyx faisait bouillir leur sang, les faisant hurler de terreur et de souffrance jusqu’à ce que leurs derniers souffles emportent leurs derniers cris. Avec eux, ils avaient enfin réglé leurs différends. Ils étaient libres. Enfin libre. Libéré de leur passé et du peu d’amour qui leur restait à ce jour.

 

Leur mère leur ayant un jour parlé d’un groupe de Mages aux dessins sombres, qu’ils ne devaient en aucun cas approcher, ils décidèrent de les chercher afin de les rejoindre. Afin de prendre part à leurs sombres dessins. Car ils étaient comme eux. Ils étaient maudits. Ils avaient été noircis par les ténèbres. Ils se faisaient appeler la Horde ou le Clan de l’Ombre. Un groupe constitué de mages noirs et de chimères, de drôle de créature engendré par leurs propres magies. De dangereusement créatures assoiffées de sangs. Et ils finirent par les trouver. Rapidement, ils trouvèrent leurs places et décidèrent de faire un pacte de sang. Un pacte qui les fusionnerait encore plus. Un pacte les liants l'un à l'autre encore plus que ce que leurs âmes ne l'étaient déjà, les empêchant de se tuer l'un l'autre, les liant si étroitement que même dans la mort ils se retrouveraient toujours.

 

Huit ans. Il leur a fallu huit ans pour atteindre un niveau de maîtrise parfaite de leurs dons, des sortilèges, rituels et des langues mortes et anciennes. Huit ans pour peaufiner à la perfection leurs attaques. Ils ont alors vingt-six ans lorsque Lux et Nyx décident de prendre la tête du Clan de l'Ombre en tuant l'ancien chef. Peu de temps après une attaque frontale fût mené contre les Dieux sur leur territoire, sur l'Olympe mais en lâche qu'ils étaient ces derniers fuirent. Ivres de colère les jumeaux se jurèrent de tous les retrouver afin de voler leurs pouvoirs dans le but de prendre le contrôle du tartare et du monde entier. Mais avant tout, il leur fallait de l'aide et Nyx décida de parcourir le plus de contrée possible à la recherche d'autres Mages comme eux mais également d'alliés, comme des Demi-Dieux. Des Demi-Dieux réclamant vengeance auprès de leurs parents, de ceux qui les avaient abandonnés et qui ne semblaient aucunement se soucier d'eux. C'est ainsi qu'elle trouva Xander Vanberg. Il était assis seul, dans un bar miteux d’une petite ville d’Allemagne, s’enfilant bière sur bière sans s’arrêter. En croisant son regard elle sut. Elle su qu’il n’était pas étranger à son monde. Alors elle s’installa face à lui, les bras croisés contre sa poitrine.

 

« T’es quoi toi ? »

« Pourquoi tu veux savoir ? »

« Parce-que dans ton regard brille l’esprit de la vengeance, et moi, la vengeance je peux te l’offrir. Je peux t’offrir son sang divin, je peux t’offrir sa tête. Je peux mettre le monde à tes pieds. »

 

Le sang-mêlé sembla charmé par les paroles de Nyx et le prénom qu’elle portait, et parvint à se livrer. Il était un fils d’Achlys, déesse du poison et du malheur. Mais sa très chère mère n’avait pas trouvé cela nécessaire de le reconnaître à l’âge requis, celui de l’entrée dans la puberté. Il avait dû se débrouiller seul durant plusieurs mois, sans comprendre ce qui clochait chez lui. Et quand enfin on était venu le chercher pour le mener à la colonie, là aussi elle avait tardé. Il avait dû dormir dans le bungalow de ceux que les parents n’avaient pas reconnu, de ceux que les parents avaient oubliés. La haine avait commencé à naître chez lui alors que chaque jour il voyait ses camarades rejoindre des chalets aux noms de leurs divins parents. Puis vint enfin son tour. Achlys avait enfin fait un geste et il avait pu découvrir ses frères et ses sœurs. Mais là encore, rien n’allait. Trop sombre. Trop bizarre. Il n’était ni compris, ni le bienvenue. Alors il fut viré de la colonie et du apprendre à contrôler ses dons seul, à nouveau abandonné. L’envie de vengeance était alors née en lui, s’insinuant profondément dans son cœur et aujourd’hui voilà qu’on la lui offrait sur un plateau d’argent.

 

C’est ainsi que Nyx était rentré, quelques nouveaux alliés derrière elle.

bottom of page