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PRISE - Mystérieuse - Solitaire - Froide - Sauvage - Discrète - Célibataire - Lesbienne 

Natasya n’eût pas une enfance facile, ni même heureuse. Pas une seule once de bonheur durant son enfance, ni même son adolescence. Elle ne connût pas l’amour, ni même l’amitié. Elle naquit, il y a vingt-huit ans, en Australie dans la ville de Brisbane au sein de la meute de Gardiens de la ville. Un grand clan de Métamorphes qui devait s’occuper, discrètement de retrouver les Demi-Dieux éparpillés dans le pays afin de les ramener sur l’île de Délos, là où ils seraient en sécurité. Mais malgré cette mission qui était la leur et qu’ils prenaient grandement à cœur, cette meute était loin d’être fréquentable. Bien plus bourru, bien plus sauvage, bien plus dur que les autres clans qui leur ressemblaient. À leur tête, un homme d’une puissance et d’une force sans égale. L’Alpha. Un Alpha qui n’appréciait guère que les femmes soient considérées comme leurs égales, les pensant inférieures à ceux de la caste masculine, les pensant peu enclines à diriger et combattre. Faibles. Voilà ce qu’elles étaient pour lui. Faibles et seulement utiles pour leurs donner une descendance. Il s’appelait Marcus, et de son union avec Cassandra naquit un premier enfant. Un garçon à la chevelure aussi sombre et aux prunelles aussi claires que celle de son paternel. Un garçon qui fût sa plus grande fierté. Mais lorsque deux ans plus tard, son deuxième enfant vit le jour, son amour pour ce deuxième être, se dissipa rapidement, comme s’il n’avait jamais existé. C’était une fille. Et une fille, il n’en voulait pas. Pas dans sa descendance. Pourtant, il n’eût que d’autre choix que de l’accepter, de faire avec.

 

Durant l’enfance de Natasya, il ne se gêna pas pour lui montrer qu’elle n’était rien pour lui. Rien d’autre qu’une simple bouche de plus à nourrir. Il la jetait sans cesse, ne lui accordait aucun regard, aucune parole autre que des paroles désagréables. Il ne lui offrait rien, pas même lors de ses anniversaires, alors que son frère, lui, avait tout. Tout ce dont elle rêvait. Enfermée dans sa chambre, elle laissait le temps passer, lentement, vicieusement avec pour unique compagnie la noirceur de la solitude. Sa mère n’avait même pas le droit de lui rendre visite, ne pouvant l’approcher que lorsque son père était présent. Seul son grand-frère, discrètement venait la voir, s’asseyant à ses côtés, un bras autour de ses épaules, pour lui compter ses journées, lui raconter quelques blagues et parfois lui ramener une peluche qu’il avait réussit à subtiliser dans un magasin afin de lui offrir. Mais tous ces maigres cadeaux, elle devait les cacher, pour que son père ne les voit pas. Elle n’était rien. Rien du tout. Et plus elle grandissait, plus sa propre personnalité s’effaçait pour ne laisser place qu’à l’ombre futile d’un fantôme. Et plus les années passèrent, plus ce fût pire, surtout lorsqu’arriva l’adolescence et avec elle la puberté. Cette période où les gardiens découvrent enfin leurs formes animales et l’entité qui partagera leurs corps et leurs âmes jusqu’à la fin de leurs vies. Mais pour elle, pour la fille non aimée, pour la fille du puissant Alpha d’Australie, rien ne vint. Pas l’ombre d’une présence dans son esprit, pas l’ombre d’une métamorphose. Pas une griffe, pas une dent, pas un seul poil. Rien. Rien que la simplicité de l’être-humain. Et Marcus explosa littéralement. Comment, lui, le valeureux, le vaillant, le puissant Alpha gardien avait-il pu engendrer une simple humaine ? Il cria, hurla et lui promis de se débarrasser d’elle, d’une quelconque manière. Et sa promesse ne fût pas brisée. Elle vint même rapidement. Ce jour-là, elle n’avait que treize ans mais sa vie allait basculer, et pas dans le bon sens.

 

Un homme, de dix ans son aîné sonna à la porte de la demeure de son père. Ce dernier ouvrit, un grand sourire placardé sur son visage balafré. Serrant la main à l’homme qu’il laissa entrer, il marmonna quelques paroles qui firent frissonner la jeune adolescente qui se trouvait alors non loin de lui.

 

« Merci. Merci Sirius d’être passé la chercher. Ce mariage scellera notre accord avec vous. Vous me débarrassez de cette erreur de la nature, et moi, je mènerais jusqu’à vous tous les sangs-mêlés que je trouverais. »

 

Sur l’instant, Natasya ne comprit pas de quoi son géniteur pouvait bien parler, ni même qui était cet homme à l’aura sombre qui venait de pénétrer chez eux. La seule chose qu’elle avait retenue, fût qu’elle, adolescente à peine âgée de treize ans, allait se marier avec cet homme qui ne lui disait rien qui vaille. Homme qui lui offrit pour seul geste, un sourire vicieux, narquois, et un regard où la méchanceté et la luxure brillaient de plein feu. Son frère qui venait d’arriver par derrière pour saluer le nouveau venu et qui avait, par la même occasion rien loupé des paroles échangées, ni de la scène, tenta pour la première fois de sa vie de se dresser face à son père, dans l’unique but de protéger sa sœur. Un grognement sourd, s’échappa de sa gorge, vibrant dans l’air et se répercutant entre les quatre murs du salon.

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« Tu n’as pas le droit de faire ça. Ni de la donner en mariage comme un simple objet, ni même de trahir les Dieux. Elle n’est peut-être pas un putain de loup comme toi ! Mais Nat est un être humain, putain ! » cracha-t-il alors que ses yeux prenaient une couleur jaunâtre, signe que la bête qui sommeillait en lui effleurait la surface de son esprit. « Ne te mêle pas de ça, gamin. » fût la seule réponse de son père qui le bouscula, l’envoyant valser contre le mur pour l’écarter de son passage afin d’attraper sa fille par le bras. Mais Nathan se releva vivement et en plein milieu de la pièce se transforma soudainement. Sous les yeux ébahis de sa sœur, un jeune loup à la fourrure d’un noir sombre se dressait devant elle, faisant barrière de son corps. Marcus éclata d’un rire sardonique et sans prendre la peine de se métamorphoser à son tour, attraper l’animal par le cou, le soulevant de sa simple force pour l’envoyer une deuxième fois valser au travers de la pièce. Natasya hurla alors que le corps lupin de son frère passait au travers de la baie vitrée, éclatant le verre qui se répandit en des milliers de morceaux sur le sol extérieur et intérieur. Sa mère surgit à son tour, hurlant de terreur en se ruant sur son fils. Nathan était couché sur le sol, à nouveau sous sa forme humaine, nu comme un ver. Son corps était presque disloqué, recouvert de plaies béantes et sanguinolentes. Il gémissait de douleur tout en tentant de se relever. L’adolescente voulu se précipiter à son tour sur lui, mais l’inconnu l’attrapa par le bras et la tira derrière lui. Elle tenta de se débattre, criant et hurlant, le frappant inlassablement puis soudain, ce fût le trou noir.

 

Natasya se réveilla que bien plus tard, dans une chambre. Son regard s’évada autour d’elle. La pièce était lumineuse et luxueuse. Elle était allongée dans un lit immense aux doux draps de soie. La peinture, sombre, s’accordait parfaitement avec la couleur sombre des meubles. Des meubles qui semblaient avoir coûtés une fortune. Elle se leva et remarqua qu’elle ne portait plus ses vêtements. Attrapant alors le drap pour se couvrir, elle se dirigea vers la fenêtre. Celle-ci donnait sur une magnifique ville qui se déployait à des centaines de mètres en dessous d’elle. Le vide. Voilà ce qui l’accueillerait si elle tentait de s’échapper par ici. Elle tenta alors de se rendre à la porte qui s’ouvrit, dévoilant au salon tout aussi luxueux. Elle se fît silencieuse, traversant la pièce pour se rendre à la porte d’entrée. Verrouillée. À double tour. Elle tenta un tour du propriétaire, à la recherche d’une éventuelle sortie mais n’en trouva aucune. Elle ne trouva rien d’autre que la solitude qui l’accompagnait depuis sa plus tendre enfance. Mais où était-elle ? A peine pensa-t-elle ces quelques mots, qu’un bruit de clefs se fit entendre. La jeune-fille sursauta avec violence, se tournant si rapidement vers la porte d’entrée qu’elle manqua d’en perdre la couverture. Devant elle se dressa alors l’homme qui était venu la chercher chez son père. Un sourire vicieux ancré au coin des lèvres, une sacoche en cuir dans une main, il la fixa d’un regard qui la fit frissonner de peur et de dégoût. Laissant tomber sa sacoche il s’approcha dangereusement d’elle. Elle recula, de plusieurs pas.

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« Ça ne sert à rien de reculer. De toute façon tu ne peux pas fuir ma jolie. Dorénavant, tu m’appartiens. »

Un couinement s’échappa d’entre les lèvres juvéniles de Natasya, qui dût se rendre à l’évidence. Elle était bel et bien bloquée ici et n’avait aucune issue. Les mains de l’homme vinrent se poser sur elle, sur ses épaules dans un premier temps. Il la fixa un instant, puis ses mains glissèrent le long de ses bras, sur la naissance de sa poitrine. Simplement et de sa grande force, il lui arracha le drap, dévoilant son corps nu. Dans son regard brilla une étrange lueur et ses lèvres vinrent se poser sur la fragile peau de son cou. Elle laissa un deuxième gémissement lui échapper. Un gémissement de peur. « N’aie pas peur ma jolie. C’est ton rôle maintenant. » Marmonna son futur époux alors que ses mains glissaient inlassablement de plus en plus bas, frôlant sa poitrine, son ventre, ses fesses, ses cuisses. Rapidement, elle sentit une bosse se former sous son pantalon. Il releva son menton du bout des doigts afin de lui faire croiser son regard. Ses lèvres vinrent se coller, brutalement sur les siennes. Il lui lécha, lui dévora presque la bouche, forçant le barrage que formaient ses lèvres closes. « Défait ma braguette. » Elle tenta de lutter, en vain, une force invisible s’insinua en elle, prenant possession de son corps, de ses faits et de ses gestes et la jeune femme se vit elle-même baisser la main en direction pantalon, faisant sauter la braguette et le bouton, puis faisant glisser le jean le long de ses jambes. Soudainement, le Mage la souleva et la pénétra avec force et brutalité.

 

Ce soir-là, l’innocence de Natasya lui fût complètement enlevée, son corps fût souillé pour la première fois et elle perdit tout espoir et toute envie de se battre contre la vie.

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***

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Plusieurs années passèrent. Des années de noirceurs et de ténèbres durant lesquels Natasya ne pût jamais quitter l’appartement qui lui servait de prison depuis l’âge de treize ans. Durant ces longues années, elle n’avait manqué de rien. Elle avait été couverte de cadeaux. De cadeaux de luxes, allant du simple bijou à la plus belle des robes. Une fois, elle avait même eu le droit d’adopter un petit chaton, qui resta avec elle quelques années, lui tenant compagnie durant les longues journées de solitude où son « époux » été absent, jusqu’à ce qu’un matin, elle retrouve son petit corps sans vie, foudroyé d’une maladie. Parfois, si elle se comportait bien, elle avait même le droit d’accompagner Logan, le mage qui l’avait prise pour femme, à des soirées et parfois même à certains rendez-vous avec les autres membres du clan de l’ombre. Au début, il l’avait maintenue sous son emprise, grâce au don qu’il possédait et qui lui permettait de forcer quiconque à lui obéir, mais bien vite Natasya avait perdu toute envie de se battre et de lutter. Elle était devenue une parfaite petite femme soumise, qui se contentait d’être montrée, sortie et entretenue. Mais à côté de ça, lorsqu’elle était seule chez elle avec Logan, elle servait à bien plus de choses. Elle était sa marionnette, sa poupée. Il la salissait, de l’intérieur. Faisant ce qu’il voulait de son corps, la forçant même avec son pouvoir les rares fois où elle refusait. Parfois, il la frappait et allait même jusqu’à se servir d’elle comme cobaye lors de sortilèges divers.

A vingt-ans, six ans après son arrivée et son mariage forcé elle tomba enceinte. Ce fût la seule fois où son époux éprouva un semblant de véritables sentiments à son égard, posant sur elle un regard empli de douceur et de fierté. Et lorsqu’il rentrait, il se contentait seulement de s’asseoir à ses côtés, une main posée sur son ventre. Mais à six mois de grossesses, Natasya hurla soudainement de douleur alors que du sang se déversait sur le sol. Elle faisait une fausse couche.

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À partir de ce moment-là tout sombra encore plus dans l’obscurité et les ténèbres les plus épaisses. Logan, en colère la frappa encore plus, la viola encore plus, tentant par tous les moyens d’engendrer un nouvel héritier. Mais rien. Natasya ne tomba plus jamais enceinte malgré tout ce que son époux tentait, la laissant parfois même sur le sol, couverte de sang et de blessures. Ce fût cinq ans plus tard que son calvaire se termina enfin. La porte de l’appartement vola en éclat alors que Logan était encore en elle, et qu’elle, elle sanglotait silencieusement sous ses coups de hanches douloureux. Soudainement son corps fût arraché du sien et l’homme se retrouva plaqué au sol par deux énormes loups aux babines dégoulinantes de baves. Natasya tourna le regard et rencontra des prunelles d’un bleu aussi limpide que les siennes. Nathan se tenait à ses côtés. Il avait grandi, il avait changé. Il était devenu homme. Mais surtout, il avait survécu.

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« C’est moi Nat, c’est moi Nathan. Ton frère. J’ai battu et tué papa il y a cinq ans pour prendre sa place et redorer le blason de la meute et depuis, je n’ai jamais cessé de te chercher. Et je t’ai enfin trouvée. Tout est fini petite sœur. Tout est enfin fini. Viens mon cœur. »

Mais la jeune-femme ne reconnut pas son frère. Elle hurla et le poussa pour s’enfuir. Rapidement, elle quitta l’appartement, puis descendit les escaliers à la volée pour se retrouver dans les rues de New-York, sous le ciel noircit par la nuit et la pollution, complètement nue. Nathan lui couru après, l’appelant par son prénom, la suppliant de le croire. Mais la terreur l’avait enveloppée. Elle ne le reconnaissait plus. Elle courrait, encore et encore au travers des ruelles, au milieu des piétons, zigzaguant entre les voitures qui manquèrent plusieurs fois de la renverser. Tout autour d’elle l’effrayait. Et elle courut ainsi pratiquement toute la nuit, jusqu’au petit matin. Jusqu’à ce qu’aigue et stridente, une alarme se mit à sonner dans le soleil levant, volant jusqu’à ses oreilles, rapidement suivie par plusieurs voitures aux gyrophares clignotants qui vinrent l’entourer, l’empêchant d’avancer plus loin. Ce fût Nathan qui s’extirpa en premier d’un des véhicules, suivit par une femme plus âgée. Une femme qui lui disait vaguement quelque chose mais sur qui elle ne parvenait pas à mettre de nom. Ni même de souvenir.

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« Oh ma chérie… » marmonna la plus vieille en tentant une approche dans sa direction. « Ma pauvre chérie… Si j’avais pu te retrouver plus tôt… » disait-elle en continuant d’avancer, les bras tendus vers la jeune-femme complètement déboussolée et terrorisée. Elle parvint enfin jusqu’à elle et les bras musclés de l’inconnue entourèrent son corps nu, déposant une veste sur ses épaules, puis l’attirant doucement à elle, contre sa poitrine et son propre corps chaud. Une main caressant sa sombre chevelure emmêlée, la femme reprit « Ma petite fille… Si douce… Si innocente… Je suis tellement désolée… Tellement désolée que tout ça soit arrivé… ». Natasya ne comprenait pas les paroles de sa mère, ne la reconnaissant même pas. Aucun son ne pût franchir ses lèvres, car de sa vie, Natasya n’avait jamais parlé, jamais émit un seul mot de concret. Savait-elle seulement parler ? Personne ne le savait, personne n’avait jamais entendu sa voix. Nathan s’approcha à son tour, posant une main sur l’épaule de sa mère « On n’a pas le choix maman, à cause de nous, à cause de notre faiblesse de l’époque, Nat n’est plus là, on doit la faire soigner… » C’est ainsi que Natasya se retrouva dans un Hôpital Psychiatrique, le meilleur du pays, alors que sa famille s’installait à New-York pour rester près d’elle.

 

Elle se retrouva alors enfermée une nouvelle fois, mais cette fois-ci, elle ne fût pas seule mais accompagnée d’une camarade de chambre. Une camarade qui semblait plongée dans la folie autant qu’elle. L’une ne parlait pas, torturée par ses démons, l’autre voyait des hallucinations en permanences et attendait des voix. Mais au fil du temps, alors que les hallucinations de Théodora parvenaient à se calmer, elle réussissait à se rapprocher de l’autre femme, qui un jour lâcha son premier mot, sa première phrase « Pourquoi tu es là, toi ? ». Sur le coup, la deuxième brune fût surprise de l’entendre parler, mais un sourire se dessina sur son visage. Si elle parlait, c’est que quelque part, Natasya lui accordait sa confiance. « Je suis folle, comme toi. ». S’en suivit alors quelques nouveaux mois où les deux jeunes femmes parlèrent. Natasya s’ouvrit et parvint à parler sans crainte. Ensembles, elles se dévoilèrent l’une à l’autre, partageant leurs passés et leurs peurs. Théodora l’aida du mieux qu’elle pu à reprendre un peu de confiance en elle, brisant les barrières, brisant ses carapaces et pénétrant au plus profond de son âme. Un jour, alors qu’elles revenaient toutes les deux de la bibliothèque de l’hôpital, elles s’installèrent sur le lit de Théo, Natasya posa sa tête sur son épaule alors que l’autre femme ouvrait un bouquin sur ses genoux. Quelques instants passèrent dans un silence léger, durant lequel seul leurs respirations se faisaient entendre. Puis la plus jeune des deux, releva le regard vers l’ancienne psy avant de le baisser sur le livre, le désignant du bout de l’index. « Tu me lis un passage ? » demanda-t-elle. Théo sourit et acquiesça, tournant quelques pages à la recherche de son passage préféré. Puis sa voix s’éleva à son tour, résonnant dans la petite chambre.

 

« Tu me comprends, tu avais compris, peut-être pas tous les mots, mais assez de mots pour savoir combien, combien je t'aimais. Je t'aime, l'amour, amour, ces mots n'ont pas de sens dans votre langue, mais tu les avait compris, tu savais ce qu'il voulaient dire, ce que je voulais te dire, et s'ils ne t'avaient pas apporté l'oubli et la paix ils t'avaient donné, apporté, posé sur toi assez de chaleur pour te permettre de pleurer.. ».

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Sa voix vibra quelques secondes dans l’habitacle, afin de disparaître dans le silence. Nat releva à nouveau le regard vers son amie, et ne sut pourquoi, ni comment, mais ses lèvres se retrouvèrent collées à celle de la plus vieille. Était-ce de l’amour ? Elle n’en savait rien. L’amour, elle ne savait pas ce que c’était, ni ce que ça pouvait faire ressentir. Était-ce un dernier acte désespéré suite à son passé de soumise ? Elle ne savait pas non. Était-ce seulement le passage du livre qui avait quelque peu perturbé son esprit ? Elle ne parvenait pas à trouver une réponse concrète. La seule chose qu’elle savait et qu’elle retenait à cet instant précis, était que les lèvres de son aînée étaient collées contre les siennes, répondant à son baiser. Natasya sentit sa langue caresser ses lèvres et maladroitement, elle lui accorda le droit de passage. Leurs langues se mêlèrent dans un ballet endiablé. Ses mains et celles de Théo glissèrent sensuellement sur leurs corps respectifs, caressant et frôlant leurs peaux. Puis celle de l’ancienne psy passèrent sous le t-shirt de la plus jeune qui laissa échapper un faible gémissement. Mais lorsque cette dernière sentit la main de son amie descendre entre ses jambes, elle sursauta avec violence, attrapant sa main avec force. Leurs regards se rencontrèrent un instant et Théo retira sa main pour venir la poser contre la joue de la brune. « Ce n’est rien, je comprends… ». Tendrement, elle l’attira dans ses bras, la faisant se blottir contre elle. Ainsi elles s’endormirent.

 

Mais cette nuit-là, Natasya fit un cauchemar. Des images passèrent brièvement dans son esprit. Des jets de lumières traversant un lieu qu’elle ne connaissait pas, perdu dans les nuages. De tous les côtés, des cris, du sang, des hurlements et des corps qui tombaient. Puis soudain elle se réveilla dans un cri. Mais son cri, ne fût pas réellement un cri. Mais plutôt un hurlement. Un hurlement animal. Elle chuta du lit et tenta de se redresser avec ses quatre pattes. Pattes ? Vivement, elle se tourna en direction du seul miroir de la pièce et ce qu’elle vit la glaça d’effroi. À sa place se tenait une immense louve à la fourrure d’un blanc presque argenté. Son regard, aux orbes glacées se tourna en direction de Theo, qui dans le noir, la fixait bouche-bée. La porte de la chambre s’ouvrit sur quelques jeunes qui la fixèrent à leurs tours. Et à nouveau, Natasya fut enlevée.

 

C’est ainsi que la jeune-femme se retrouva sur l’île de Délos où on tenta de lui expliquer qui elle était et qui l’habitait. Mais la jeune femme, toujours sous sa forme lupine refusa de croire ses idioties et s’enfuit subitement dans les profondeurs de la forêt. Disparaissant une nouvelle fois.

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