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Libre - Leadeuse - Autoritaire - Responsable - Mystérieuse - Enjôleuse - Célibataire - Lesbienne

On ne connaît pas l’âge réel de Ciri. Elle est née il y a plus d’une centaine d’années. Peut-être même plus de deux siècles, dans l’Ouest de la France, au sein d’un petit village qui n’existe plus de nos jours. Un village dont le nom fût chassé, oublié. Personne ne sait. Et elle n’en parle pas. Elle reste évasive et mystérieuse sur son âge véritable. La seule chose qu’elle parvint à lâcher, parfois, ce sont quelques bribes sur son enfance. Un père banquier, qui lui permets alors de vivre dans l’aisance de l’époque. Une gouvernante pour lui inculquer les bonnes manières, celles dues aux jeunes-filles de son rang, celles destinées aux gamins de la haute société. La tête haute, le dos droit, la démarche souple, des robes aux bustiers bien trop serrés, le seul droit de se taire et d’écouter. C’est tout ce qu’on sait d’elle à cette époque de sa vie. Le reste ? Elle ne parle que de son frère, passant les détails sur sa propre existence. Lui ? Il avait le droit de tout. Tout faire. Tout dire. Après tout, il était né homme. L’époque de l’inégalité des sexes. L’époque où les femmes n’avaient aucuns mots à dire. Elle, ça, elle l’a connu. Bien plus qu’elle ne l’aurait réellement voulu. Voilà pourquoi elle n’en parle pas. Voilà pourquoi la chasseresse reste évasive sur son passé, sur ses origines.

Mais si on creuse, si on cherche plus loin, on sait que comme les autres jeunes-femmes de son époque, elle n’échappa aux règles strictes qui dirigés la société. Elle devait se marier. Un mariage qui n’avait jamais été son choix. Mais c’était ainsi. Se marier pour obtenir des dots, se marier pour réunir deux familles puissantes, deux familles aisées. Réunir deux noms connus pour n’en faire plus qu’un. Et son futur époux, elle ne l’aimait pas. Ni lui, ni sa vile famille. Et lui, il ne l’appréciait guère en retour. Il était tout ce qu’elle détestait, tout ce qu’elle haïssait chez une personne. Grossier et imbus de lui-même. Sans aucun respect pour la gente féminine et coureur de jupons. Aucune bonne manière malgré l’ascendance Noble dont il était issu. Mais pire que ça. Pire que tout. Ciri cachait un terrible secret. Aucun homme ne l’attirait, aussi gentil soit-il. Son regard ne déviait jamais vers eux. La seule chose que ses prunelles regardaient, la seule chose qu’elle se surprenait souvent à aimer, c’étaient les femmes. Celles douces et discrètes, mais également celles plus fortes et aventurières. Or, à l’époque cet amour n’était pas considéré comme tel, mais plutôt comme une déviance. Une grave déviance. Une tare, une maladie qu’il fallait à tout prix éradiquer. Alors elle se devait de le cacher, elle se devait de faire comme si elle était normale.

Et lorsque son mariage arriva et qu’elle fût enfin unie à cet homme, sa vie changea. Il n’avait rien de l’homme que lui avait promis son paternel. Elle devait rester enfermée en permanence. Elle devait tenir la maison et ne rien faire d’autre. Son époux l’empêchait même d’avoir accès à la bibliothèque de la demeure, la fermant à clefs dès qu’il la quittait, prétextant que les femmes ne devaient pas avoir accès à la connaissance. Pour la simple et bonne raison que pour lui, une femme cultivée était une femme dangereuse. Sottises diriez-vous. Mais seule, elle ne pouvait refaire le monde. Alors elle passait ses journées seule, avec pour seule compagnie la bonne de la maison. Broyant du noir la plupart du temps et maintenant bonne figure devant les personnes importantes qui rendaient visites à son époux. Sa vie était des plus déprimantes. Mais lorsqu’elle tomba enceinte, plus par obligation que par envie, elle ne pût s’empêcher d’aimer cet être qui grandissait en elle. Cet être qui amènerait un peu d’amour dans la morosité de sa vie. Pourtant, lorsque neuf mois plus tard, hurlant de douleur dans son lit, elle donna la vie à son enfant, ce dernier ne hurla pas. Il ne pleura pas. Inquiète, elle releva le regard en direction des servantes qui s’affairaient autours d’elle. Personne ne parla. Personne n’osa même la regarder. Ce fût là qu’elle le vit. Son petit garçon. Il était bleu. Aussi bleu que le ciel qui s’assombrissait le soir venu. Et elle sût. Elle sût que son enfant était mort-né. Que la vie ne s’était pas offerte à lui.

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Les années passèrent sans qu’elle ne veuille à nouveau enfanter, ni même consommer l’acte charnel avec son mari. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Un zombie errant d’une pièce à l’autre de cette immense demeure vide. Et pour la première fois de sa vie, son époux, touché également par la perte de son enfant, devint un homme respectueux. Il tenta de lui offrir tout ce qu’elle désirait, allant même jusqu’à lui autoriser l’accès aux connaissances. Pourtant, Ciri ne revint pas. Pas même une ombre de sa présence. Elle était détruite. Jusqu’au jour où l’une de ses nouvelles servantes réveilla quelques choses en elle. De l’attirance. De l’amour. Quelque chose qu’elle pensait perdue à jamais et qui insuffla un peu de souffle de vie en elle. Les deux jeunes femmes commencèrent alors à avoir une relation dans le plus grand des secrets, dans la discrétion la plus totale. Elles se retrouvaient dès que le maître de maison s’absentait. Restant enlacées de nombreuses heures. Profitant de la douceur l’une de l’autre. Mais son époux, voyant que quelque chose avait à nouveau changé en elle et qu’elle refusait de parler, pris la décision de la faire surveiller.

C’est ainsi qu’elle se fît honteusement surprendre avec sa servante, dans une position des plus délicate. Immédiatement, la ville cria au scandale, à l’outrage, et même à la sorcellerie. Les hommes attrapèrent sans ménagement sa maîtresse et sous ses yeux, sans aucune once de pitié, ils la décapitèrent. Ciri cria, hurla et tenta de se débattre alors que ses propres bourreaux la traînaient en direction d’un bûcher qui venait d’être installé au centre du village. Dans la foule, le regard de son père et de son frère ne la quittait pas. Dans leurs prunelles brillait une lueur de dégoûts, de déception, de colère, tandis que sa mère, recroquevillée dans un coin, pleurait la perte de sa fille.

Ce jour-là, Ciri ne dut son salut qu’à une seule et unique personne. Autour d’elle, le temps sembla se figer. Hoquetant de surprise, elle laissa ses yeux divaguer autour d’elle, à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un. Puis, magnifique et vêtue d’une longue robe d’une pâle couleur argentée, rappelant celle de la Lune, elle lui apparut. Immobile devant elle, flamboyant de toute sa splendeur, de toute son essence divine. C’était une déesse. Elle le savait, elle le sentait. Elle, qui pensait qu’un seul dieu ne pouvait exister, compris alors qu’elle s’était jusqu’ici trompée. Cette femme ne pouvait être rien d’autre qu’une divinité. Une divinité d’une beauté à en couper le souffle.

« Je peux faire en sorte que ta vie ne s’achèves pas ici. Je peux t’en offrir une nouvelle. Une vie d’immortalité. Mais en échange, tu dois accepter d’accueillir une nouvelle virginité et de la garder, de renoncer à la compagnie des hommes et de t’engager dans la chasse. »

Ciri hoqueta une nouvelle fois. Que choisir ? La mort ou la vie ? La possibilité de découvrir le monde ? De devenir quelqu’un ? La possibilité de rester jeune éternellement et de ne pouvoir mourir qu’au combat ? La possibilité de voir l’évolution du monde ? Le choix ne fut pas compliqué pour la jeune-femme qui laissa les mots s’échapper d’entre ses lèvres sans les arrêter.

« Je prête allégeance à la Déesse Artémis. Je renonce à la compagnie des hommes et je m’engage dans la chasse. »

C’est ainsi que Ciri devint une chasseresse d’Artémis, acceptant avec bonheur les nouvelles capacités qui lui furent offertes et sans attendre, sans même jeter un regard en arrière, elle quitta la France pour suivre celle qui l’avait sauvée. Aux côtés des autres femmes de son clan, elle parcourut des monts et marées, découvrant toutes les contrées que ce monde abritait. Elle découvrit l’Olympe et ses Divinités. Elle participa, aux côtés de certains Demi-Dieux, à certaines de leurs quêtes. Elle vit des sœurs tomber aux combats et d’autres les rejoindre. Elle découvrit au jour le jour, au fil des ans, l’évolution de l’être humain et de la technologie. Elle avala toutes les connaissances inimaginables et possibles. Elle était heureuse. Et elle aimait sa vie ainsi. Jusqu’à ce jour fatidique, où au plus profond de son âme, au plus profond de son cœur, elle sut que quelque chose n’allait pas. La présence d’Artémis, sa mère, sa sœur, son alliée, sa sauveuse, n’était plus.

Inquiètes, Ciri qui était désormais à la tête des chasseresses, se rendit en compagnie de ses sœurs sur le Mont Olympe. Ébahis, elles découvrirent un paysage désolé, désert. Les Dieux avaient tous disparues, sans exception. C’est pour cette raison, que les chasseresses décidèrent de se joindre aux demi-dieux afin de retrouver les Dieux.

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