4 octobre 1990. L’horizon semblait s’élever dans le ciel, apportant sur le parc de Boston public garden une clarté diffuse qui se répandait entre les feuilles des arbres. D’étranges bourrasques entraînaient, tourbillonnantes, des liasses de feuilles dans le silence matinale. Mais au milieu de ce manège a l'aspect surnaturel, des pleurs retentirent. C’est là qu’elle le vit. Enveloppé dans un morceau de tissus. Un bébé aux yeux d’un azur flamboyant. Il criait et gigotait dans le froid glacé de l’aube. Elizabeth retira son imposant casque audio avec lenteur et s’approcha de la masse de feuilles qui s’amoncelait sur le sol. La couverture dépassait du feuillage. Les yeux écarquillés par la surprise, la jeune femme avança la main, tremblante pour soulever légèrement le tissu et apercevoir le visage angélique du bébé qui se mouvait avec force. Une petite fille. Les traits fins de son visage ne pouvaient pas mentir.

- Mon dieu… Mais qu’est-ce que tu fais là toi…

***

Les flocons immaculés, avaient recouvert Boston cette année-là, tendant à transformer les rues et les toits en de magnifiques tapis de poudreuse. Cette ville était pour elle la plus belle qui soit. Avec ses buildings, son parc historique, et surtout son université d’Archéologie. 

Elle avait suivis les traces de sa mère. Enfin, sa mère adoptive. Elle avait était choisis parmi des centaines d’autres dans l’orphelinat d’Allston. Elle était toute petite. On lui avait raconté qu’une femme l’avait trouvée dans le parc un matin. Peut-être était-ce pour ça qu’elle aimait bien si rendre. Seule. Entourée par la nature. Elle s’y sentait bien. Comme liée à cet endroit. Mais ce qui avait pu ce passer, peut lui importait. Elle en avait longuement parlé avec ses parents à l’adolescence. Ça n’avait pas toujours était facile. D’ailleurs ça ne l’était toujours pas. Elle avait souvent était rejetée. Mise à l’écart. Le vilain petit canard. Mais elle s’en fichait. Elle préférait rester chez elle à lire de la littérature occidentale. Des légendes antiques. Ou encore parcourir les dossiers de sa mère quand celle-ci rentrait de fouille. Elle l’avait souvent emmenée avec elle, faisant naître chez sa fille une passion certaine pour l’archéologie et l’histoire.

Cassandra tentait de ne pas se rompre les chevilles sur les trottoirs glissant. Le col remonté jusqu’en haut de la mâchoire, un bonnet enfoncé sur la tête, la jeune femme se dirigeait, armée du vieux porte document qui appartenait à sa mère, vers l’institut archéologique de la ville. Remontant ses lunettes sur le bout de son nez, Cassie pénétra le grand hall sans plus de précautions avant de percuter avec perte et fracas un jeune homme qui s’étala sur le sol. Les lunettes en travers du nez la jeune femme se précipita pour ramasser les feuilles qui s’étaient éparpillées sur le sol. Elle ne pouvait pas se permettre d’être en retard à son cours. Elle était quelqu’un d’assidus dans son travail et son cursus la passionnait vraiment.

Cassandra se releva maladroitement, les feuilles éparpillées dans les bras tandis que son regard croisait enfin celui du jeune homme qu’elle venait de bousculer. Mal à l’aise face à la situation, elle le bouscula à nouveau, en bafouillant des excuses avant de reprendre son chemin à vitesse grand V. Il ne lui fallut que quelques minutes de plus pour atteindre la salle d’amphithéâtre où le cour se tenait. Celle-ci était bondée. Cassandra se recroquevilla un peu plus dans son fauteuil. Il y avait trop de monde, trop de bruit. Mais la jeune femme déglutit et après avoir inspiré profondément, réajusta une nouvelle fois ses lunettes sur son nez avant de se focaliser sur le cours à venir. Ça avait toujours était comme ça. Elle n’avait jamais même approché « physiquement » un homme de toute sa vie. Trop troublé par la proximité que les autres pouvaient avoir. Trop mal à l’aise en leurs présences. Elle n’avait jamais connu ni d’homme, ni femme. Elle préférait se concentrer sur ses études. C’était une valeur sûre. Fermant les yeux une fraction de seconde, elle inspira de nouveau avant de tourner la tête vers le nouveau venu qui venait d’empiéter sur son espace personnel. Le jeune homme qu’elle avait bousculé plus tôt, s’assit à côté d’elle, un sourire gravé sur les lèvres et lui tendit la main. Surprise, la jeune femme le regarda coi, quelques instants avant de réagir enfin et de lui serrer la main à son tour en bafouillant de nouveau des excuses. Son sourire s’élargit un peu plus. Son regard était différent des autres. Quelque chose en lui était différent.

- Thimo.
- Cassandra, Murmura t’elle.

Cassie à son tour, se mit à lui sourire avant de gênée, se concentrer sur le cours qui venait de débuter. Le début d’une grande amitié venait de commencer.

 

***

 

Les années défilèrent, longues et dures. Mais plus les cours passaient, et plus Cassandra était convaincue qu’elle avait choisis la voix qui lui était destinée. Elle avait toujours était attirée par l’histoire. L’antiquité en particulier. Et les fouilles archéologiques. Surement grâce à sa mère et toutes les aventures qu’elle lui avait fait connaître au cours de ses voyages dans le monde entier. Elle s’épanouissait là dedans. À un tel point, qu’a la fin de son cursus, elle décrocha un boulot de professeur d’archéologie dans l’université qui l’avait accompagnée pendant tout ce temps. À présent, c’était elle qui emmenait ses étudiants à travers le monde, à la recherche d’aventures et de découvertes.

Cassandra, debout derrière son pupitre réajusta ses lunettes sur son nez un sourire franc aux lèvres avant de débuter son cours de l’année.